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Présentation du Dictionnaire d'architecture
Présentation: Dictionnaire d’architecture de l’Encyclopédie méthodique
- Le Directeur du Dictionnaire d’architecture : personnalité et philosophie
- Historique de la publication du Dictionnaire d’architecture
- Les auteurs qui ont participé
Auteur : Marina LEONI
Les trois tomes du Dictionnaire d’architecture sont confiés à Antoine Chrysostome Quatremère de Quincy (1755-1849) et publiés entre 1788, date de publication de la première partie du premier tome, et 1828, année de parution de la deuxième partie du troisième et dernier tome.
Ce dictionnaire méthodique ne présente aucun des outils prévus par l’éditeur afin de permettre une lecture en forme de traité, à l’exception d’un système de renvois entre les mots. Ceux-ci jouent un rôle fondamental pour la compréhension de la structure théorique qui soutient le Dictionnaire d’architecture, mais ils peuvent échapper à une lecture rapide et superficielle de l’ouvrage.
Si dans l’« Avertissement » l’auteur se propose d’observer l’Architecture à partir des cinq points de vue correspondant aux cinq parties qui la constituent, la structure du Dictionnaire ne rend pas compte de cette articulation et se présente comme une succession de définitions presque uniformes. Une lecture croisée de l’« Avertissement » et des définitions permet, même si parfois ambigüe, de classer les articles selon la partie historique ou descriptive, la partie métaphysique, la partie théorique, la partie didactique ou élémentaire et la partie pratique.
Lors de la parution du premier tome, Quatremère de Quincy est à son premier écrit d’une certaine importance. Issu d’une famille liée au jansénisme, il abandonne ses études en Droit et suite à une formation artistique obtenue surtout grâce à ses voyages en Italie, Quatremère gagne le prix de l’Académie des inscriptions et belles lettres en 1785 avec une dissertation sur l’architecture égyptienne et écrit quelques articles dans les périodiques de l’époque. À cette période Il commence une correspondance avec Antonio Canova, qui se terminera à la mort du sculpteur au début des années vingt du dix-neuvième siècle.
L’activité politique de Quatremère commence avec la Révolution: il devient représentant à la Commune de Paris et en 1791 il est élu à l’Assemblée législative où il est salué comme un des contributeurs à « ce monument encyclopédique, un des ouvrages qui concoururent le plus à créer parmi nous l’empire de la philosophie qui préparait l’empire de la constitution ». Il est nommé surintendant des travaux de transformation de l’église de Saint-Geneviève en Panthéon laïque : ce chantier suscite un débat qui dépasse les questions architecturales ou structurales et implique des problématiques à la fois politiques, historiques et culturelles. Le mélange entre pensée artistique et action politique se démontre dès le début comme un des aspects qui caractérisent la riche et polyédrique personnalité de Quatremère.
Anti-révolutionnaire pendant la Terreur, Quatremère s’oppose publiquement à la politique artistique du Directoire avec les Lettres à Miranda, qui demeurent parmi les textes au fondement du débat sur l’institution muséale.
Suite aux condamnations fructidoriennes, Quatremère passe environ deux ans – entre 1799 et 1800 – en Allemagne, où il fréquente des philosophes, des penseurs et des hommes politiques français. Peu après son retour à Paris, en 1804, il est élu dans la Classe d’histoire de l’Institut national.
C’est toutefois avec la Restauration que son activité publique reprend avec intensité, en particulier avec son élection comme secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-arts, charge qu’il occupera de 1816 à 1839. Si la question de l’enseignement public des arts du dessin suscite depuis toujours l’intérêt de Quatremère, sa charge de secrétaire perpétuel représente le lieu où il peut réaliser concrètement ses intentions en réorganisant l’Ecole des Beaux-arts. Parfois ses décisions soulèvent d’âpres polémiques, avec entre autres Stendhal et Delacroix, souvent retracées par la presse de l’époque.
Quatremère écrit, en outre, de nombreux livres, pamphlets et articles sur différents sujets qui vont de la théorie de l’art à l’archéologie et en 1832 il publie un Dictionnaire historique d’architecture, qui reprend largement le Dictionnaire d’architecture de l’Encyclopédie méthodique.
La confiance que Panckoucke porte à Quatremère sera récompensée : les tomes de Quatremère constituent un des dictionnaires les plus appréciés de la Méthodique. Si les définitions de l’Encyclopédie et des Suppléments constituent la matière de base de cette nouvelle encyclopédie, Quatremère utilise cependant une multiplicité de sources et n’hésite pas à donner son apport personnel à l’écriture du texte qui ne perd pas sa cohérence théorique malgré la distance temporelle séparant la publication des trois tomes et qui montre clairement le renouvellement de l’architecture, comme objet artistique et fait social, dans la deuxième partie du dix-huitième siècle.
Décembre 1781 : | les « Nouvelles littéraires » du Mercure de France annoncent la publication de l’Encyclopédie méthodique : un dictionnaire destiné à l’Architecture n’est pas prévu. |
1782 : | le « Prospectus » de l’Encyclopédie méthodique présenté par Panckoucke reprend le plan publié sur le Mercure de France l’année précédente : l’Architecture est inclue dans le Dictionnaire des beaux-arts, avec la Peinture, la Sculpture, la Gravure, la Musique et la Danse. En particulier, les arts du dessin sont confiés à Claude-Henri Watelet. |
Mai 1786 : | parution de la première partie du Dictionnaire d’Antiquités, mythologie, diplomatique des chartres et chronologie. Dans l’« Avertissement » Mongez l’aîné annonce que seulement le premier tome de ce dictionnaire contiendra les termes relatifs à l’architecture « ancienne », puisque la décision de confier à Quatremère de Quincy la rédaction d’un Dictionnaire d’architecture vient d’être prise. Un « mémorandum sur le paiement à Quatremère pour l’Encyclopédie » rédigé par l’auteur après la publication du troisième tome, donc après beaucoup de temps, confirmerait cette date. |
Mai 1787 : | l’« Avis » envoyé par Panckoucke aux souscripteurs avec la vingt-deuxième livraison annonce un Dictionnaire d’architecture, par Quatremère de Quincy, et un Dictionnaire de musique, qui n’étaient pas initialement prévus. Suite à la mort de Watelet, l’année précédente, le Dictionnaire des beaux-arts est confié à Pierre Charles Levesque. |
Juillet 1787 : | la vingt-troisième livraison contient la présentation détaillée du Dictionnaire d’architecture, qui est un extrait de l’« Avertissement » du dictionnaire même. |
Juin 1788 : (1ère partie, tome I) |
Avec la vingt-septième livraison les souscripteurs reçoivent la première partie du premier tome du Dictionnaire d’architecture, imprimée par Lotin et Stoupe. Dans l’« Avertissement » l’auteur annonce des planches et une liste des sources utilisées : ni les unes ni les autres ne seront réalisées. Sur la page de titre, les éditeurs indiqués sont Charles-Joseph Panckoucke à Paris et Clément Plomteux à Liège. |
1789 : | dans le « Prospectus » publié par Panckoucke le Dictionnaire d’architecture est constitué par cinq tomes avec des planches. |
Novembre 1790 : (2ème partie, tome I) | parution de la deuxième partie du premier tome, imprimée chez Stoupe et inclue à la quarante-unième livraison. |
1791 : | Panckoucke présente un « Tableau des volumes […] qui doivent composer l’Encyclopédie » : les quatre volumes, au lieu des cinq initialement prévus, seront terminés, selon les prévisions de l’éditeur, en 1793. |
1801 : (1ère partie, tome II) | la première partie du deuxième tome du Dictionnaire d’architecture est publié à Paris par Henri Agasse, le beau-fils de Panckoucke qui a repris l’entreprise à sa mort. Le volume fait partie de la soixante-septième livraison. |
Décembre 1820 : (2ème partie, tome II) | la veuve de Henri Agasse, qui a succédé à son mari, publie à Paris la deuxième partie du deuxième tome du Dictionnaire d’architecture. À cette occasion, une nouvelle page de titre et un « Avis » sont inclus pour la quatre-vingt-neuvième livraison de l’Encyclopédie méthodique. L’« Avis » explique la raison de la nouvelle page de titre et des nombreux objets contenus dans la deuxième partie du tome et absents dans la première. La lettre qui accompagne la livraison explique en outre que les tomes sont réduits au nombre de trois. |
Décembre 1825 : (1ère partie, tome III) | parution de la première partie du troisième tome du Dictionnaire d’architecture, publié à Paris chez la Veuve Agasse. Le tome est précédé par un « Avis », où l’éditeur explique les raisons, surtout de nature économique, qui l’ont porté à renoncer au volume de planches. |
Décembre 1828 : 2ème partie, tome III) | publication de la deuxième partie du troisième et dernier tome du Dictionnaire d’architecture. Il s’agit de la centième livraison de l’Encyclopédie méthodique, sur un total de cent-deux. |
Quatremère de Quincy, comme l’affirme Panckoucke, est « l’auteur et le rédacteur » du Dictionnaire d’architecture et en effet il ne peut compter que sur un très faible nombre de collaborateurs.
La contribution plus significative est celle de Jean-Baptiste Rondelet (1743-1829) pour les deux premiers tomes. Dans l’« Avertissement » Quatremère explique que les entrées suivies par la mention ‘construction’ sont dues à la main de Rondelet. Il s’agit d’environ 170 mots, sur un total de plus de 2000 articles pour le premier et le deuxième tome.
Dans le « mémorandum sur le payement » la participation de Rondelet n’est pas mentionnée, mais Quatremère fait référence à deux collaborateurs qui, après 1813, auraient dû le soulager d’une partie considérable du travail, mais qui ont rapidement renoncé à cette tâche.
Les noms de ces collaborateurs ne sont pas mentionnés. Nous savons pourtant que dans le troisième tome, 8 entrées sont signées avec les initiales A.L.C. et 4 avec les initiales J.-N.H.. Celles-ci ont été attribuées à Antoine Laurent Castellan (1780-1840) et Jean-Nicolas Huyot (1772-1838), membres de l’Académie des beaux-arts. Castellan participe, en outre, comme Quatremère, à la rédaction de certains articles du Dictionnaire de la langue des beaux-arts, publié par l’Académie à partir de 1806 surtout grâce à l’engagement de Nicolas-Etienne Framéry, un des auteurs du Dictionnaire de musique de l’Encyclopédie méthodique.